

La fuite sans fin de Joseph Meyer [texte imprimé] / Claude Gutman, Auteur . - Paris cedex 07 (5, rue Sébastien-Bottin, 75328) : Gallimard, 2022 . - 352 ; 15,5 x 22,5 cm. ISBN : 978-2-07-517065-9 : 17,90 €
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Très bon livre
Marie-Paule DESSAIVRE
Fils d'un tailleur juif polonais ayant fui les pogroms, le jeune Joseph Meyer aurait aimé devenir mécanicien au lieu de travailler à l'atelier de son père. Fouetté régulièrement, Joseph décide, en 1933, de s'enfuir à 15 ans. Alors qu'il croyait trouver refuge chez son oncle à Paris, il est placé chez un fermier qui maltraite les enfants de l'Assistance publique qu'on lui confie. Joseph se rebelle et finit à la colonie pénitentiaire de Belle-Ile en Mer. Là, il croit vivre l'enfer, et pourtant, il va connaître pire ensuite, après avoir été considéré comme un des meneurs de la tentative d'évasion des colons de ce "bagne" en 1934, puisqu'il est envoyé à la colonie correctionnelle d'Eysses, dans le Lot, où les sévices sont encore plus terribles.
Au sortir de cette prison, il doit rejoindre l'armée quand la France déclare la guerre à l'Allemagne. Se succèdent alors pour lui l'attente de la "drôle de guerre", puis la débâcle et la fuite vers le sud de la Loire. Il trouve du travail dans un petit village, se fait connaître sous une fausse identité pour ne pas révéler qu'il est juif, tombe amoureux de l'institutrice qui l'introduit dans la Résistance. Après l'arrestation de son réseau, il se retrouve dans les mêmes bâtiments qu'avant, à Eysses. Quand tous ses camarades sont convoyés vers la déportation, il réussit à s'enfuir.
Le récit se poursuit encore sur quelques années de l'après-guerre, qui voient Jospeh Meyer prendre conscience progressivement du génocide auquel il a échappé.
Pour qui avait lu La maison Vide (1989), L'hôtel du retour (1991) et Rue de Paris (1993), c'est l'occasion de retrouver la force d'évocation des récits de Claude Gutman, faite d'un mélange subtil d'émotion et de retenue. Les expériences racontées, basées sur des faits ou des réalités historiques, sont d'une violence terrible. Toute la première partie montre la barbarie infligée aux enfants dans le cadre de la justice des mineurs, avec, en filigrane, le sort réservé aux enfants de l'Assistance publique. Le point de vue que l'auteur adopte pour raconter la guerre est, par ailleurs, assez rare et mérite qu'on le découvre. Le récit y est tout aussi intense et poignant.
C'est un très, très bon roman historique, avec un personnage principal bouleversant, auquel on s'attache. Il demande toutefois des bases solides en Histoire, car nombre de données sont citées sans autres explications, et restent même parfois implicites. Pour cette raison, il n'est pas certain que le texte soit abordable "à partir de 13 ans" comme le suggère l'éditeur, sans compter que je me demande à partir de quel âge on peut supporter les faits de maltraitance mis en scène.
Au sortir de cette prison, il doit rejoindre l'armée quand la France déclare la guerre à l'Allemagne. Se succèdent alors pour lui l'attente de la "drôle de guerre", puis la débâcle et la fuite vers le sud de la Loire. Il trouve du travail dans un petit village, se fait connaître sous une fausse identité pour ne pas révéler qu'il est juif, tombe amoureux de l'institutrice qui l'introduit dans la Résistance. Après l'arrestation de son réseau, il se retrouve dans les mêmes bâtiments qu'avant, à Eysses. Quand tous ses camarades sont convoyés vers la déportation, il réussit à s'enfuir.
Le récit se poursuit encore sur quelques années de l'après-guerre, qui voient Jospeh Meyer prendre conscience progressivement du génocide auquel il a échappé.
Pour qui avait lu La maison Vide (1989), L'hôtel du retour (1991) et Rue de Paris (1993), c'est l'occasion de retrouver la force d'évocation des récits de Claude Gutman, faite d'un mélange subtil d'émotion et de retenue. Les expériences racontées, basées sur des faits ou des réalités historiques, sont d'une violence terrible. Toute la première partie montre la barbarie infligée aux enfants dans le cadre de la justice des mineurs, avec, en filigrane, le sort réservé aux enfants de l'Assistance publique. Le point de vue que l'auteur adopte pour raconter la guerre est, par ailleurs, assez rare et mérite qu'on le découvre. Le récit y est tout aussi intense et poignant.
C'est un très, très bon roman historique, avec un personnage principal bouleversant, auquel on s'attache. Il demande toutefois des bases solides en Histoire, car nombre de données sont citées sans autres explications, et restent même parfois implicites. Pour cette raison, il n'est pas certain que le texte soit abordable "à partir de 13 ans" comme le suggère l'éditeur, sans compter que je me demande à partir de quel âge on peut supporter les faits de maltraitance mis en scène.