La philo expliquée aux enfants / Tahar Ben Jelloun
La philo expliquée aux enfants [texte imprimé] / Tahar Ben Jelloun , Auteur ; Hubert Poirot-Bourdain, Illustrateur . - Paris cedex 07 (5, rue Sébastien-Bottin, 75328) : Gallimard, 2020 . - 210 ; 19 x 24 cm. ISBN : 978-2-07-514266-3 : 16,90 €
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Marie-Aline KOWALSKI
Il s'agit d'un dictionnaire de concepts qui peut s'aborder par n'importe quelle page. L'auteur donne des définitions, des illustrations, des usages (ou non) et leurs conséquences, de ces abstractions : « Nous allons analyser simplement, avec précision, près d'une centaine de concepts que nous utilisons dans notre vie quotidienne » (page 12).
Chaque mot prend la forme d'un titre (position centrée dans la page, couleur bleue et typographie spécifique, soulignée d'un trait noir). Il est suivi d'une phrase, dont toute ou partie est en gras. Le propos se développe ensuite en plusieurs paragraphes achevés par un « A toi de jouer » centré qui introduit une invitation à la réflexion (paragraphe de une à huit lignes en typographie bleue), à partir d'une question seule ou précédée d'un commentaire.
L'ensemble est aéré et ponctué de pages d'illustrations explicites, en bleu-blanc-noir, en écho au concept lui faisant face.
Les phrases, plus ou moins complexes, s'égrènent sur le mode oral, avec un vocabulaire parfois soutenu, mais directement explicité dans le texte. Tout cela offre une lecture facile et fluide, sur le ton de la confidence... à sens unique.
L'ensemble pourrait être pertinent sans l'abondance d'injonctions. Par exemple au mot « suicide » (page 74) : « Il faut savoir attendre que le mauvais nuage passe. Pour cela, il ne faut jamais hésiter à nous tourner vers les autres et à leur parler de notre souffrance. [...] Ne jamais se taire ni avoir peur de dénoncer le harcèlement. Il faut parler. » Si l'injonction suffisait à délier les langues, il y a longtemps que les harcèlements auraient cessé !
Les exemples aux teintes conformistes émaillent également le dictionnaire, comme :
- à la page 26 au sujet du « respect » : « Et si bien sûr le respect est dû à chacun en tant qu'être humain, certains méritent des signes de respect particuliers. Par exemple ceux qui contribuent à enrichir notre savoir. » Si détenir et/ou dispenser un savoir était gage de respectabilité, tous les apprenants de France et de Navarre se battraient pour avoir le privilège d'apprendre ! Le raccourci sachant-enseignant-respect me semble bien court. De plus dans cette partie, la notion de réciprocité brille par son absence, au risque de faire l'apologie de la soumission.
- L'auteur fait davantage référence à « un camarade », « ton meilleur ami », un homme ou un groupe d'hommes. A aucun moment il n'utilise l'écriture inclusive, masculinisant ainsi son propos.
- Page 51, il est question de silence : « en classe, le professeur réclame tout le temps le silence pour pouvoir faire son cours en tout tranquillité. La pensée a besoin de ce silence pour se développer et s'exprimer »... ou pas. Tout dépend de la pédagogie adoptée. Il y a là confusion entre silence et ambiance studieuse.
- Page 58, « L'été 2003, plus de dix-neuf mille personnes âgées sont mortes en France à cause de la canicule et aussi de la solitude, car certaines parmi elles ont été abandonnées par leurs enfants partis en vacances. » Donc pas question d'aide aux aidants ou de répit pour des enfants de parents grabataires, car cela est signe d'une « société qui a perdu la valeur et le sens de la solidarité familiale. » Ce qui n'est pas « le cas au Maghreb et dans la plupart des pays d'Afrique ».
Voici donc un ouvrage contrasté, oscillant entre information, sollicitude, cours magistral et moral, où la proposition « A toi de jouer » sonne un peu creux puisqu'elle ne constitue ni une base de réflexion pour l'auteur, ni une occasion de véritable échange de points de vue.
Chaque mot prend la forme d'un titre (position centrée dans la page, couleur bleue et typographie spécifique, soulignée d'un trait noir). Il est suivi d'une phrase, dont toute ou partie est en gras. Le propos se développe ensuite en plusieurs paragraphes achevés par un « A toi de jouer » centré qui introduit une invitation à la réflexion (paragraphe de une à huit lignes en typographie bleue), à partir d'une question seule ou précédée d'un commentaire.
L'ensemble est aéré et ponctué de pages d'illustrations explicites, en bleu-blanc-noir, en écho au concept lui faisant face.
Les phrases, plus ou moins complexes, s'égrènent sur le mode oral, avec un vocabulaire parfois soutenu, mais directement explicité dans le texte. Tout cela offre une lecture facile et fluide, sur le ton de la confidence... à sens unique.
L'ensemble pourrait être pertinent sans l'abondance d'injonctions. Par exemple au mot « suicide » (page 74) : « Il faut savoir attendre que le mauvais nuage passe. Pour cela, il ne faut jamais hésiter à nous tourner vers les autres et à leur parler de notre souffrance. [...] Ne jamais se taire ni avoir peur de dénoncer le harcèlement. Il faut parler. » Si l'injonction suffisait à délier les langues, il y a longtemps que les harcèlements auraient cessé !
Les exemples aux teintes conformistes émaillent également le dictionnaire, comme :
- à la page 26 au sujet du « respect » : « Et si bien sûr le respect est dû à chacun en tant qu'être humain, certains méritent des signes de respect particuliers. Par exemple ceux qui contribuent à enrichir notre savoir. » Si détenir et/ou dispenser un savoir était gage de respectabilité, tous les apprenants de France et de Navarre se battraient pour avoir le privilège d'apprendre ! Le raccourci sachant-enseignant-respect me semble bien court. De plus dans cette partie, la notion de réciprocité brille par son absence, au risque de faire l'apologie de la soumission.
- L'auteur fait davantage référence à « un camarade », « ton meilleur ami », un homme ou un groupe d'hommes. A aucun moment il n'utilise l'écriture inclusive, masculinisant ainsi son propos.
- Page 51, il est question de silence : « en classe, le professeur réclame tout le temps le silence pour pouvoir faire son cours en tout tranquillité. La pensée a besoin de ce silence pour se développer et s'exprimer »... ou pas. Tout dépend de la pédagogie adoptée. Il y a là confusion entre silence et ambiance studieuse.
- Page 58, « L'été 2003, plus de dix-neuf mille personnes âgées sont mortes en France à cause de la canicule et aussi de la solitude, car certaines parmi elles ont été abandonnées par leurs enfants partis en vacances. » Donc pas question d'aide aux aidants ou de répit pour des enfants de parents grabataires, car cela est signe d'une « société qui a perdu la valeur et le sens de la solidarité familiale. » Ce qui n'est pas « le cas au Maghreb et dans la plupart des pays d'Afrique ».
Voici donc un ouvrage contrasté, oscillant entre information, sollicitude, cours magistral et moral, où la proposition « A toi de jouer » sonne un peu creux puisqu'elle ne constitue ni une base de réflexion pour l'auteur, ni une occasion de véritable échange de points de vue.