Anne Herbauts, la tête dans la haie / Anne Herbauts
Anne Herbauts, la tête dans la haie [texte imprimé] / Anne Herbauts, Auteur ; Frédérique Dolphijn, Auteur . - Noville-sur-Mehaigne (9 rue de Noville, 5310, Belgique) : Esperluète, 2019 . - 88 ; 11 x 17 cm. - (Orbe) . ISBN : 978-2-35984-115-2 : 9,50 €
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Très bon livre
Claudie L'HOSTIS
La collection Orbe propose à des auteurs et autrices d'entrer dans une démarche d'analyse, sous forme de dialogues, pour éclairer les lecteurs et lectrices sur leur processus d'écriture.
Frédérique Doljhyn, co-directrice de la collection, échange avec Anne Herbauts en l'invitant à piocher dans une série de mots servant d'appui à la conversation : fabriquer, brouillons, limites, naissance, blanc... Choix de mots et pioche qui peuvent surprendre, tout comme le titre, sous forme de métaphore. En fait, ces « hasards » nous entraînent dans une quête extraordinairement riche et complexe : quitter le centre du jardin, confortable, ordonné, pour enfoncer la tête dans la haie, pour se heurter à l'enchevêtrement des branchages, à la vie grouillante du sol, pour apercevoir des parcelles de ciel à travers les feuillages... par là même renoncer à l'évidence, se confronter à ses limites. Ces métaphores sous-entendent l'inattendu, l'étonnement (mots proposés) et deviennent ainsi l'essence de la création - écriture, image, déroulement de l'histoire et du temps qui est la matière même du livre.
Le lecteur lui-même, la tête dans la haie, a sa propre lecture : « On croit qu'on est dans un petit sentier tout joli, mais en fait ce sentier permet de perdre son regard dans les ronciers, de s'arrêter, d'aller chercher l'horizon, mais pas toujours... ».
On lit Anne Herbauts, on l'entend parler, chercher ses mots, ses images. On perd le fil, on le récupère, car il n'est pas toujours facile de suivre le cheminement de sa pensée qui se construit, mot à mot, mot à image ou image à mot. Elle semble balbutier mais le processus de création apparaît au travers des foisonnements. Alors, on pense à relire certains de ses ouvrages comme Les moindres petites choses : qu'attend donc Mme Avril au bord de ce monde trop grand pour elle, quelque chose de trop doux, trop vide... ? A nous d'aller chercher dans la haie...
L'accumulation de choses, d'objets, de mots, de sonorités dans l'épicerie de Sous la montagne, nous invite à grimper sur l'escabelle pour aller sur l'étagère du haut et qu'importe si nous ne comprenons pas le message du chat-oiseau philosophe. Car de message, affirme Anne Herbauts, il ne peut y avoir, pas plus que de notion de transmission, dans aucun de ses livres. A chacun de se faire un chemin entre texte et image. Ainsi, lorsque Anne Herbauts aborde le sujet des migrants dans Je ne suis pas un oiseau, elle ne se sent pas le droit d'exprimer directement ce qu'elle n'a pas vécu. Seules des métaphores sur les migrations diverses lui semblent acceptables pour dire la douleur.
Dans cet ouvrage, Anne Herbauts revient sur nombre de ses albums : nous les relisons, notamment Alice aux pays des merveilles, L'heure vide avec un regard autre. Difficile, complexe, la pensée d'Anne Herbauts, ne se donne pas d'emblée. A la fin de Temps en temps (2006, Esperluète éditions), elle écrivait : « De temps en temps je tente de retrouver le fil, de démêler l'écheveau, de temps en temps le fil s'effiloche et... »
Quelques mots qui semblent si bien, non pas la définir, mais « écrire son portrait ».
Frédérique Doljhyn, co-directrice de la collection, échange avec Anne Herbauts en l'invitant à piocher dans une série de mots servant d'appui à la conversation : fabriquer, brouillons, limites, naissance, blanc... Choix de mots et pioche qui peuvent surprendre, tout comme le titre, sous forme de métaphore. En fait, ces « hasards » nous entraînent dans une quête extraordinairement riche et complexe : quitter le centre du jardin, confortable, ordonné, pour enfoncer la tête dans la haie, pour se heurter à l'enchevêtrement des branchages, à la vie grouillante du sol, pour apercevoir des parcelles de ciel à travers les feuillages... par là même renoncer à l'évidence, se confronter à ses limites. Ces métaphores sous-entendent l'inattendu, l'étonnement (mots proposés) et deviennent ainsi l'essence de la création - écriture, image, déroulement de l'histoire et du temps qui est la matière même du livre.
Le lecteur lui-même, la tête dans la haie, a sa propre lecture : « On croit qu'on est dans un petit sentier tout joli, mais en fait ce sentier permet de perdre son regard dans les ronciers, de s'arrêter, d'aller chercher l'horizon, mais pas toujours... ».
On lit Anne Herbauts, on l'entend parler, chercher ses mots, ses images. On perd le fil, on le récupère, car il n'est pas toujours facile de suivre le cheminement de sa pensée qui se construit, mot à mot, mot à image ou image à mot. Elle semble balbutier mais le processus de création apparaît au travers des foisonnements. Alors, on pense à relire certains de ses ouvrages comme Les moindres petites choses : qu'attend donc Mme Avril au bord de ce monde trop grand pour elle, quelque chose de trop doux, trop vide... ? A nous d'aller chercher dans la haie...
L'accumulation de choses, d'objets, de mots, de sonorités dans l'épicerie de Sous la montagne, nous invite à grimper sur l'escabelle pour aller sur l'étagère du haut et qu'importe si nous ne comprenons pas le message du chat-oiseau philosophe. Car de message, affirme Anne Herbauts, il ne peut y avoir, pas plus que de notion de transmission, dans aucun de ses livres. A chacun de se faire un chemin entre texte et image. Ainsi, lorsque Anne Herbauts aborde le sujet des migrants dans Je ne suis pas un oiseau, elle ne se sent pas le droit d'exprimer directement ce qu'elle n'a pas vécu. Seules des métaphores sur les migrations diverses lui semblent acceptables pour dire la douleur.
Dans cet ouvrage, Anne Herbauts revient sur nombre de ses albums : nous les relisons, notamment Alice aux pays des merveilles, L'heure vide avec un regard autre. Difficile, complexe, la pensée d'Anne Herbauts, ne se donne pas d'emblée. A la fin de Temps en temps (2006, Esperluète éditions), elle écrivait : « De temps en temps je tente de retrouver le fil, de démêler l'écheveau, de temps en temps le fil s'effiloche et... »
Quelques mots qui semblent si bien, non pas la définir, mais « écrire son portrait ».