Ce roman se scinde en deux parties distinctes : la première relatant les événements qui précèdent à Pompéi l'éruption du Vésuve, en l'an 79, tandis que la deuxième décrit par le menu la résurrection de la ville par les archéologues à partir du XIXe siècle. Et ces deux épisodes sont évoqués de façon quasi journalistique par un unique chroniqueur pour qui le temps compte peu puisqu'il s'agit tout simplement d'un demi-dieu qui voit tout et entend tout... et dont le lecteur, bien sûr, découvrira avec plaisir le nom et la photographie !

Le choix des trois personnages principaux nous permet de découvrir, dans toute sa diversité, la vie d'une cité prospère de l'empire romain. Il s'agit d'Aulus, Ursius et Lucia. Aulus, d'abord, le riche patricien, puis Ursius, l'ancien gladiateur qui a échappé si souvent à la mort et savoure enfin sa récente accession au statut d'homme libre. Lucia enfin, une très jeune fille, d'un milieu aisé, mais une femme, donc sans autonomie, dépendant entièrement de son père qui vient justement de lui donner l'ordre de ne plus aller à l'école car c'est inutile pour les filles... D'ailleurs il va bientôt la marier ! Chacun d'eux vit, vaque à ses occupations et converse sous l'œil et l'oreille très attentifs de notre chroniqueur quasi-divin jusqu'au chapitre consacré aux deux derniers jours de la ville avec l'explosion du Vésuve, la gigantesque volute de fumée noire qui s'élève dans le bleu du ciel et la rencontre fortuite des trois protagonistes fuyant sous les nuées déchaînées.

La seconde partie relate la redécouverte de la ville au XIXe siècle, avec les restes pétrifiés de ses habitants et des vestiges archéologiques étonnamment préservés. Elle permet à notre narrateur, pas tout à fait omniscient, donc à l'écoute de tout, de reconstituer ou d'imaginer ce qu'il est advenu de ces personnages. Il s'est pris de sympathie pour eux et espère qu'ils ont pu être sauvés, sans en être vraiment sûr. A la fin, inspiré par un amour irrésistible de sa cité qui perdure par delà les civilisations et les siècles, il invite le lecteur à visiter Pompéi sur les pas de ses trois amis dans une visite guidée d'un réalisme hallucinant.

L'unité de ton inspirée par la voix d'un unique narrateur par delà dix-huit siècles accentue le réalisme de ce roman où l'urbanisme, l'architecture et la vie tout simplement de la cité romaine nous sont restitués de façon très suggestive. Le dossier illustré et commenté en postface renforce judicieusement cette impression de parfait vademecum pour la visite proposée par notre antique cicérone.