L'enfant qui est né deux fois / Gérard Moncomble
L'enfant qui est né deux fois [texte imprimé] / Gérard Moncomble, Auteur ; Régis Lejonc, Illustrateur . - Toulouse Cedex 9 (300, rue Léon-Joulin, 31101) : Milan, 2005 . - 40 ; 28,8x24,5. ISBN : 978-2-7459-1763-8 : 12 Euros
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Très bon livre
Il y a bien longtemps, à Kimiut, alors que le froid et le vent engloutissent le paysage et que la famine sévit, un petit garçon n'a pas le temps de voir le jour. Il meurt à la naissance. Nada et Oqisu, ses parents, se hâtent de lui donner un prénom : Uutoq. La sorcière Kâga prononce une incantation pour que l'esprit de l'enfant reste près de ses parents. L'âme d'Uutoq, si petite et fragile, sous le puissant charme de la sorcière, ne gagne pas le Pays des Morts mais elle craint d'être emportée par des esprits maléfiques. Elle trouve alors refuge dans la fourrure de Tsaki, le dernier chien de Nada. Ainsi commence sa longue errance dans le Grand Nord, en attendant sa réincarnation.
Début et fin de l'album inscrivent cette histoire tirée d'un conte traditionel inuit dans la veine de la tradition orale : un conte que l'on a entendu, que l'on s'apprête à raconter et qu'il faudra transmettre. Ainsi, le lecteur est plongé au coeur de la culture inuit, dont les mythes originels sont empreints d'animisme. En prenant la voix d'un vieil inuit, Gérard Moncomble prête des intentions aux phénomènes naturels, comme Neqaja, le vent du nord-est qui a une "voix effrayante", ou aux animaux, comme Tsaki, qui juste avant de s'éteindre, tourne la tête vers le harfang qui s'apprête à accueillir l'âme d'Uutoq, comme si un pacte tacite unissait les deux bêtes.
L'immersion dans cette culture est totale grâce aux images de Régis Lejonc. Ses illustrations nous offrent des paysages glaciaux, gris, bleus, blancs engloutissant les hommes, des montagnes vertigineuses survolées par un harfang, des banquises infinies, isolant un ours terrible, ou des fonds marins dans lesquels plonge un phoque. Elles nous donnent aussi à voir le retour du printemps dans des teintes chaudes et rassurantes ou le visage du vieux conteur dans des teintes sépia. Les effets brumeux et l'ombre ronde qui pare certaines planches évoquent les âmes des enfants mort-nés qui, selon la légende, errent en faisant une ronde. C'est celle d'Uutoq qui peuple l'album. On aperçoit aussi des dessins à la façon des totems, qui rappellent "l'Art Premier", comme les occidentaux considèrent l'art inuit. L'utilisation des caractères d'une des langues inuit, l'inuktiput, pour inaugurer et clore le conte, et au coeur de l'album, rappellent aussi la pratique du dessin de ce peuple, qui intégrait le texte correspondant aux images. Les illustrations confèrent une atmosphère particulière mais participent aussi de certains effets narratifs : texte et image se succèdent visuellement quand les événements défilent, mais quand l'âme d'Uutoq erre longuement sur le même animal, le regard du lecteur erre aussi longuement sur une pleine double page, on se perd et on patiente.
Un très bel album simple et rempli de subtilités.
Lisa BIENVENU
Fiche propriété de la Ville de Nantes.
Début et fin de l'album inscrivent cette histoire tirée d'un conte traditionel inuit dans la veine de la tradition orale : un conte que l'on a entendu, que l'on s'apprête à raconter et qu'il faudra transmettre. Ainsi, le lecteur est plongé au coeur de la culture inuit, dont les mythes originels sont empreints d'animisme. En prenant la voix d'un vieil inuit, Gérard Moncomble prête des intentions aux phénomènes naturels, comme Neqaja, le vent du nord-est qui a une "voix effrayante", ou aux animaux, comme Tsaki, qui juste avant de s'éteindre, tourne la tête vers le harfang qui s'apprête à accueillir l'âme d'Uutoq, comme si un pacte tacite unissait les deux bêtes.
L'immersion dans cette culture est totale grâce aux images de Régis Lejonc. Ses illustrations nous offrent des paysages glaciaux, gris, bleus, blancs engloutissant les hommes, des montagnes vertigineuses survolées par un harfang, des banquises infinies, isolant un ours terrible, ou des fonds marins dans lesquels plonge un phoque. Elles nous donnent aussi à voir le retour du printemps dans des teintes chaudes et rassurantes ou le visage du vieux conteur dans des teintes sépia. Les effets brumeux et l'ombre ronde qui pare certaines planches évoquent les âmes des enfants mort-nés qui, selon la légende, errent en faisant une ronde. C'est celle d'Uutoq qui peuple l'album. On aperçoit aussi des dessins à la façon des totems, qui rappellent "l'Art Premier", comme les occidentaux considèrent l'art inuit. L'utilisation des caractères d'une des langues inuit, l'inuktiput, pour inaugurer et clore le conte, et au coeur de l'album, rappellent aussi la pratique du dessin de ce peuple, qui intégrait le texte correspondant aux images. Les illustrations confèrent une atmosphère particulière mais participent aussi de certains effets narratifs : texte et image se succèdent visuellement quand les événements défilent, mais quand l'âme d'Uutoq erre longuement sur le même animal, le regard du lecteur erre aussi longuement sur une pleine double page, on se perd et on patiente.
Un très bel album simple et rempli de subtilités.
Lisa BIENVENU
Fiche propriété de la Ville de Nantes.