Le portrait de Dorian Gray / Oscar Wilde
Le portrait de Dorian Gray [texte imprimé] / Oscar Wilde, Auteur ; Tony Ross, Illustrateur ; Jean Gattégno, Traducteur . - Paris cedex 07 (5, rue Sébastien-Bottin, 75328) : Gallimard, 2000 . - 272 ; 23,5x17,5. - (Chefs d'oeuvre universels) . ISBN : 978-2-07-054012-9 : 18,24 Euros
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Déroutant
Claude DUPONT
Que Tony Ross ait eu envie d'illustrer le chef d'oeuvre d'Oscar Wilde, on peut le comprendre, mais le résultat laisse perplexe, pour ne pas dire irrité.
L'illustration humoristique, caricaturale - qui, à l'extrême rigueur, pourrait convenir aux passages où Wilde peint la famille Vane selon une vulgarité très stylisée ou lorsqu'il évoque les bas-fonds de Londres - ne peut convenir à ce manifeste de l'esthétisme anglais, du raffinement décadent fondé sur le culte de la Beauté, la recherche des sensations rares. L'humour de Wilde, c'est l'élégance du paradoxe, l'esprit, l'épigramme - rien qui puisse trouver son équivalent dans le style de Tony Ross dont le talent ne saurait être remis en cause, c'est évident, mais qui est, ici, totalement inadéquat.
Quant au concept hybride, discutable, de cette remarquable collection qui tient à donner, grâce à l'iconographie en marge (toujours très riche, avec ses reproductions de tableaux, de gravures, de documents d'archives accompagnés d'un commentaire pertinent) une valeur documentaire et réaliste à ce qui est ostensiblement une fiction, c'est, dans le cas précis du Portrait de Dorian Gray, un total contresens. L'argument de la quatrième de couverture qui estime que cet appareil documentaire va restituer au roman "sa valeur de reportage" est particulièrement inacceptable : la valeur du roman de Wilde repose sur sa métamorphose de la réalité en oeuvre d'art, sur la recherche délibérée de l'artifice, en un mot, sur l'indépendance de la littérature par rapport au réel !
"Une lecture originale, une aventure inédite" nous dit encore la quatrième de couverture : certes, mais l'entreprise se fait aux dépens de l'oeuvre de Wilde. C'est un "Dorian Gray" dénaturé, banalisé et rabaissé au seul niveau anecdotique.
Et que dire de la reproduction, p. 254, de la célèbre Ophélie de Millais, dans le mauvais sens ?
En somme, un ouvrage d'où Oscar Wilde et Tony Ross sortent perdants.
L'illustration humoristique, caricaturale - qui, à l'extrême rigueur, pourrait convenir aux passages où Wilde peint la famille Vane selon une vulgarité très stylisée ou lorsqu'il évoque les bas-fonds de Londres - ne peut convenir à ce manifeste de l'esthétisme anglais, du raffinement décadent fondé sur le culte de la Beauté, la recherche des sensations rares. L'humour de Wilde, c'est l'élégance du paradoxe, l'esprit, l'épigramme - rien qui puisse trouver son équivalent dans le style de Tony Ross dont le talent ne saurait être remis en cause, c'est évident, mais qui est, ici, totalement inadéquat.
Quant au concept hybride, discutable, de cette remarquable collection qui tient à donner, grâce à l'iconographie en marge (toujours très riche, avec ses reproductions de tableaux, de gravures, de documents d'archives accompagnés d'un commentaire pertinent) une valeur documentaire et réaliste à ce qui est ostensiblement une fiction, c'est, dans le cas précis du Portrait de Dorian Gray, un total contresens. L'argument de la quatrième de couverture qui estime que cet appareil documentaire va restituer au roman "sa valeur de reportage" est particulièrement inacceptable : la valeur du roman de Wilde repose sur sa métamorphose de la réalité en oeuvre d'art, sur la recherche délibérée de l'artifice, en un mot, sur l'indépendance de la littérature par rapport au réel !
"Une lecture originale, une aventure inédite" nous dit encore la quatrième de couverture : certes, mais l'entreprise se fait aux dépens de l'oeuvre de Wilde. C'est un "Dorian Gray" dénaturé, banalisé et rabaissé au seul niveau anecdotique.
Et que dire de la reproduction, p. 254, de la célèbre Ophélie de Millais, dans le mauvais sens ?
En somme, un ouvrage d'où Oscar Wilde et Tony Ross sortent perdants.