La chanson d'Orphée / David Almond
La chanson d'Orphée = A song for Ella Grey [texte imprimé] / David Almond , Auteur ; Diane Ménard, Traducteur . - Paris cedex 07 (5, rue Sébastien-Bottin, 75328) : Gallimard, 2018 . - 288 ; 15,5 x 22,5 cm. ISBN : 978-2-07-509006-3 : 15 € Langues originales : Anglais (eng)
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Visible par tous
Coup de coeur
Maïtée LEBOT
Que nous apportent les mythes ? Orphée va-t-il pouvoir retrouver son amour perdu, la lumineuse Ella ? David Almond a su relier le mythe aux inquiétudes de la jeunesse de toutes les époques. Comment trouver sa place dans le monde ? L'histoire se déroule entre le merveilleux des plages et des dunes du Northumberland et la richesse perdue d'un Newcastle contemporain, fief industriel du siècle passé. Un futur qui n'a rien d'enchanteur pour ces lycéens qui vont s'étourdir sur la côte : alcool et drogue.
Un livre magnifique qui dès le début se place dans la veine des tragédies grecques. Claire, l'amie d'Ella se pose comme le choeur antique qui explique le cheminement des héros : « Je suis celle qui reste, je suis celle qui doit raconter. Je les ai connus tous les deux, je sais comment ils ont vécu et comment ils sont morts. » Le style de l'écriture s'impose dès le début. On y retrouve les codes de la tragédie, le présent d'éternité, les flash-backs à l'imparfait, temps de la durée. Des dialogues directs comme des répliques de théâtre et surtout ce lyrisme dans l'écriture qui restitue le pouvoir de la musique et du chant. Une musique qui fait vibrer la vie sur terre : végétaux, minéraux, hommes et bêtes. L'auteur a su nous faire retrouver les émotions des récits mythologiques qui nous transportent dans une universalité magique. La mythologie, première étape de la pensée humaine qui précéda la philosophie, un univers créé pour une tentative d'explication du monde.
Claire raconte la rencontre des héros, la mort d'Ella, le voyage d'Orphée aux Enfers écrit sur des pages noires. Voyage initiatique pour un passage de l'adolescence au monde adulte, des étapes qui se font dans la violence et les deuils des abandons. Laissons-nous porter par la singularité de ce livre, par le lyrisme de l'auteur, la poésie incantatoire des répétitions. Orphée « Il nous chante, nous, nous, nous... il nous donnera la liberté... et nous laissera danser. »
P.S J'aurais préféré le titre anglais : Une chanson pour Ella Grey.
Un livre magnifique qui dès le début se place dans la veine des tragédies grecques. Claire, l'amie d'Ella se pose comme le choeur antique qui explique le cheminement des héros : « Je suis celle qui reste, je suis celle qui doit raconter. Je les ai connus tous les deux, je sais comment ils ont vécu et comment ils sont morts. » Le style de l'écriture s'impose dès le début. On y retrouve les codes de la tragédie, le présent d'éternité, les flash-backs à l'imparfait, temps de la durée. Des dialogues directs comme des répliques de théâtre et surtout ce lyrisme dans l'écriture qui restitue le pouvoir de la musique et du chant. Une musique qui fait vibrer la vie sur terre : végétaux, minéraux, hommes et bêtes. L'auteur a su nous faire retrouver les émotions des récits mythologiques qui nous transportent dans une universalité magique. La mythologie, première étape de la pensée humaine qui précéda la philosophie, un univers créé pour une tentative d'explication du monde.
Claire raconte la rencontre des héros, la mort d'Ella, le voyage d'Orphée aux Enfers écrit sur des pages noires. Voyage initiatique pour un passage de l'adolescence au monde adulte, des étapes qui se font dans la violence et les deuils des abandons. Laissons-nous porter par la singularité de ce livre, par le lyrisme de l'auteur, la poésie incantatoire des répétitions. Orphée « Il nous chante, nous, nous, nous... il nous donnera la liberté... et nous laissera danser. »
P.S J'aurais préféré le titre anglais : Une chanson pour Ella Grey.
Bon livre
Claude DUPONT
Voilà une lecture qui me laisse perplexe, sur une impression mitigée : d'un côté, on a un mythe très « porteur », dont on retrouve les principaux éléments (le musicien sublime, le mariage avec Eurydice, la piqûre du serpent, la descente aux Enfers, l'échec puis la nouvelle orientation sexuelle d'Orphée et son massacre par les femmes hystériques) ; de l'autre, une transposition dans une Angleterre contemporaine qui, à mes yeux, est rien moins que convaincante.
La réécriture d'un mythe, et celui d'Orphée en particulier, est toujours une entreprise fascinante : celles de Cocteau ou de Tennessee Williams, par exemple, ont été des réussites mais, ici, David Almond, d'habitude fort talentueux, ne me semble pas avoir trouvé le bon registre.
Difficile d'adhérer à la représentation d'Eurydice/Ella, jeune fille fort falote, adoptée par des parents timorés à qui elle n'ose même pas présenter Orphée ou au contexte lycéen insolent ou au coup de foudre sur téléphone portable, à la limite du ridicule ou au mariage lors d'un camping sauvage... Quant à Orphée, entre hippie et SDF, malgré la fascination que son chant suscite, son apparition dans la cour du lycée pour enlever Ella lors d'un cours manque singulièrement de poésie ! Rien ne me paraît vraiment subsister de la portée du mythe...
Dommage, parce que le démarrage était prometteur (« Je suis celle qui reste. Je suis celle qui doit raconter...) et le personnage de Claire, la narratrice, amoureuse d'Ella a une personnalité bien plus complexe que celle des deux héros.
En revanche, le chant d'Orphée lors de la descente aux Enfers - texte en caractères blancs, au graphisme diversifié, sur fond de page noire - est un remarquable morceau de bravoure : points de vue multiples, imprécations, supplications, évocations des monstres..., un texte lyrique, incantatoire, enfin à la mesure de son thème !
La réécriture d'un mythe, et celui d'Orphée en particulier, est toujours une entreprise fascinante : celles de Cocteau ou de Tennessee Williams, par exemple, ont été des réussites mais, ici, David Almond, d'habitude fort talentueux, ne me semble pas avoir trouvé le bon registre.
Difficile d'adhérer à la représentation d'Eurydice/Ella, jeune fille fort falote, adoptée par des parents timorés à qui elle n'ose même pas présenter Orphée ou au contexte lycéen insolent ou au coup de foudre sur téléphone portable, à la limite du ridicule ou au mariage lors d'un camping sauvage... Quant à Orphée, entre hippie et SDF, malgré la fascination que son chant suscite, son apparition dans la cour du lycée pour enlever Ella lors d'un cours manque singulièrement de poésie ! Rien ne me paraît vraiment subsister de la portée du mythe...
Dommage, parce que le démarrage était prometteur (« Je suis celle qui reste. Je suis celle qui doit raconter...) et le personnage de Claire, la narratrice, amoureuse d'Ella a une personnalité bien plus complexe que celle des deux héros.
En revanche, le chant d'Orphée lors de la descente aux Enfers - texte en caractères blancs, au graphisme diversifié, sur fond de page noire - est un remarquable morceau de bravoure : points de vue multiples, imprécations, supplications, évocations des monstres..., un texte lyrique, incantatoire, enfin à la mesure de son thème !