Kesta / Manon Ona
Kesta [texte imprimé] / Manon Ona, Auteur . - Montreuil (20 rue Voltaire, 93100) : Ed. théâtrales, 2016 . - 60 ; 12 x 17 cm. ISBN : 978-2-84260-698-5 : 8 €
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Très bon livre
Emeline DECOURTIAS
Kesta se terre dans un passage souterrain pour ne pas prendre la navette scolaire. Il veut circuler hors des regards des usagers. Nul ne sait pourquoi il se cache ni d'où il vient. Dans ce tunnel, il rencontre L'homme sans année, un SDF fondu dans l'ombre humide des murs graffés. Derrière son sommeil et son immobilité, il mesure le temps à travers ses perceptions auditives et visuelles. Qui sait s'attarder et regarder y verra des fresques et des visages. Un dialogue de défiance s'engage autour d'une curiosité mutuelle, se délie et rapproche ces deux exclus, jusqu'à instaurer un rituel entre eux, matin et soir à l'heure du passage de la navette. C. qui a raté la navette fait intrusion dans leurs échanges réfléchis sur leurs solitudes et leurs existences brutes. Collégien, il est un rappel du monde extérieur et porte avec lui l'univers de l'enfance. Les deux jeunes s'écrivent sur le mur ; peu importe le support ou la forme, ils veulent être compris. Les murs témoignent, ils racontent des histoires de femmes et d'hommes. Un matin, Kesta suit un autre chemin, C. qui a raté la navette lui ouvre la voie et la parole. Kesta parle alors de la traversée quotidienne de la friche jusqu'aux caravanes. Enfant du voyage ou rom, Kesta est un « enfant caillou », il incarne une forme plus universelle d'exclusion.
Le sexe de Kesta et C. qui a raté la navette est indéfini ; le féminin domine tout de même dans les accords. Telles des défenses d?animal, les mots chargent l'interlocuteur, perçu comme agresseur. La solitude et l'exclusion ont rentré les émotions et la parole au plus profond de chacun de ces êtres, les ont murés dans le silence. Les échanges, graffés, écrits sur les murs ou verbalisés, sont forts et percutants. Kesta a une élocution saccadée, rendue sans ponctuation en une décharge de mots bruts. L'homme sans année, sage, attentif et compréhensif, s'exprime clairement et apaise l'agressivité de Kesta. Ce lieu de passage, de circulation, en zone indéfinie prend forme et sens et devient un lieu de rendez-vous et de contacts.
Un lieu improbable, un tunnel décoré de graffitis pour une rencontre tout aussi improbable : Kesta, première pièce de Mona Ona, est une belle fable urbaine sur l'altérité, l'exclusion, l'accueil et l'intégration de l'autre.
On aimerait la voir mise en scène.
Le sexe de Kesta et C. qui a raté la navette est indéfini ; le féminin domine tout de même dans les accords. Telles des défenses d?animal, les mots chargent l'interlocuteur, perçu comme agresseur. La solitude et l'exclusion ont rentré les émotions et la parole au plus profond de chacun de ces êtres, les ont murés dans le silence. Les échanges, graffés, écrits sur les murs ou verbalisés, sont forts et percutants. Kesta a une élocution saccadée, rendue sans ponctuation en une décharge de mots bruts. L'homme sans année, sage, attentif et compréhensif, s'exprime clairement et apaise l'agressivité de Kesta. Ce lieu de passage, de circulation, en zone indéfinie prend forme et sens et devient un lieu de rendez-vous et de contacts.
Un lieu improbable, un tunnel décoré de graffitis pour une rencontre tout aussi improbable : Kesta, première pièce de Mona Ona, est une belle fable urbaine sur l'altérité, l'exclusion, l'accueil et l'intégration de l'autre.
On aimerait la voir mise en scène.