Nos étoiles contraires / John Green
Hazel, seize ans, vit reliée à sa bonbonne d'oxygène depuis que le cancer a mis hors d'état de fonctionnement ses poumons. Sa mère, la trouvant déprimée, l'oblige à faire partie d'un groupe de soutien où elle rencontre d'autres jeunes cancéreux. Elle se lie d'amitié avec Isaac (cancer des yeux, borgne, bientôt aveugle) et Augustus (en rémission d'un cancer des os qui lui a coûté une jambe). L'attirance entre Hazel et Augustus est immédiate, pourtant Hazel est réticente à se laisser aimer, n'envisageant que trop la douleur qu'elle laissera dans le cœur de ceux qui l'ont aimée.
Un thème si souvent abordé redevient inconnu lorsqu'il est traité de cette façon. C'est un roman fort, beau, lucide et étonnant. Les héros n'inspirent pas la pitié, ils sont touchants comme peut l'être un jeune couple d'amoureux. Il est impossible pour eux, comme pour nous, d'oublier la maladie qui les rattrape toujours, mais ça ne les empêche pas d'être eux-mêmes, avec leurs qualités, leurs défauts, leurs envies et leurs angoisses. Ce sont des personnages robustes de caractère, trahis par leur constitution physique. On ne peut donc qu'être touché par leur histoire et leur façon de faire face à la maladie, avec un apparent détachement et un cynisme qui n'a d'égal que leur désespoir, contre lequel ils luttent mais qui surgit parfois. Le ton est sincère, refuse la sensiblerie et le pathos. La maladie est exposée avec tout ce qu'elle implique de douleurs, de machines et de malaises, d'humiliations, dans une description méticuleuse, soucieuse de ne rien laisser échapper de leur quotidien de malade. Malgré cela, on rit beaucoup. On philosophe aussi, notamment par le biais du roman préféré de l'héroïne, qui la renvoie à sa situation et lui semble la décrire si parfaitement.
Ce roman évoque aussi le combat : les héros se battent contre eux-mêmes, contre la maladie et les "effets secondaires de mourir" comme ils le disent si souvent. Il pose la question de savoir comment aimer quand on sait que ceux qui nous ont aimés vont souffrir de nous avoir aimés et de nous avoir perdus. De ce point de vue-là, les personnages des adultes (les parents d'Hazel et de Gus, Patrick qui dirige le groupe de soutien, l'écrivain) expriment différentes façons de vivre la maladie et la mort.
Un excellent roman, surprenant et inattendu.
Nos étoiles contraires = The Fault in Our Stars [texte imprimé] / John Green , Auteur ; Catherine Gibert, Traducteur . - Paris Cedex 13 (25, Avenue Pierre de Coubertin, 75211) : Nathan Jeunesse, 2013 . - 334 ; 14 x 21 cm. ISBN : 978-2-09-254303-0 : 16,50 € Langues originales : Anglais (eng)
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Sacha BENICHOU
Hazel, seize ans, vit reliée à sa bonbonne d'oxygène depuis que le cancer a mis hors d'état de fonctionnement ses poumons. Sa mère, la trouvant déprimée, l'oblige à faire partie d'un groupe de soutien où elle rencontre d'autres jeunes cancéreux. Elle se lie d'amitié avec Isaac (cancer des yeux, borgne, bientôt aveugle) et Augustus (en rémission d'un cancer des os qui lui a coûté une jambe). L'attirance entre Hazel et Augustus est immédiate, pourtant Hazel est réticente à se laisser aimer, n'envisageant que trop la douleur qu'elle laissera dans le cœur de ceux qui l'ont aimée.
Un thème si souvent abordé redevient inconnu lorsqu'il est traité de cette façon. C'est un roman fort, beau, lucide et étonnant. Les héros n'inspirent pas la pitié, ils sont touchants comme peut l'être un jeune couple d'amoureux. Il est impossible pour eux, comme pour nous, d'oublier la maladie qui les rattrape toujours, mais ça ne les empêche pas d'être eux-mêmes, avec leurs qualités, leurs défauts, leurs envies et leurs angoisses. Ce sont des personnages robustes de caractère, trahis par leur constitution physique. On ne peut donc qu'être touché par leur histoire et leur façon de faire face à la maladie, avec un apparent détachement et un cynisme qui n'a d'égal que leur désespoir, contre lequel ils luttent mais qui surgit parfois. Le ton est sincère, refuse la sensiblerie et le pathos. La maladie est exposée avec tout ce qu'elle implique de douleurs, de machines et de malaises, d'humiliations, dans une description méticuleuse, soucieuse de ne rien laisser échapper de leur quotidien de malade. Malgré cela, on rit beaucoup. On philosophe aussi, notamment par le biais du roman préféré de l'héroïne, qui la renvoie à sa situation et lui semble la décrire si parfaitement.
Ce roman évoque aussi le combat : les héros se battent contre eux-mêmes, contre la maladie et les "effets secondaires de mourir" comme ils le disent si souvent. Il pose la question de savoir comment aimer quand on sait que ceux qui nous ont aimés vont souffrir de nous avoir aimés et de nous avoir perdus. De ce point de vue-là, les personnages des adultes (les parents d'Hazel et de Gus, Patrick qui dirige le groupe de soutien, l'écrivain) expriment différentes façons de vivre la maladie et la mort.
Un excellent roman, surprenant et inattendu.