Mille francs de récompense / Victor Hugo
Alain Tarrieu abrège le texte de Victor Hugo essentiellement en supprimant des passages et non en réécrivant, ce qui est une bonne chose. Le propos reste largement compréhensible, mais il y perd d'un point de vue littéraire.
En dépit de cette abréviation du texte, la pièce reste peu accessible pour des jeunes sans accompagnement. Si c'est pour la mettre en scène, on y perd parfois un peu de la dérision dont sont marqués les propos de Glapieu et de la "distanciation" (à la manière de Brecht, ont dit certains) qui s'ensuit.
Bref, on en revient toujours à la même interrogation : faut-il abréger les classiques ?
Glapieu, voleur, est poursuivi par la police. Il réussit à se cacher chez Cyprienne, sa mère Etiennette et son grand-père malade Zucchimo... La famille est aux abois, ils n'ont plus d'argent, et sont pris au piège d'un homme d'affaires peu scrupuleux, M. Rousseline. Ce dernier veut abuser de la situation pour obtenir plus facilement la main de Cyprienne... Mais c'est sans compter sur Glapieu, qui décide de prendre fait et cause pour ces malheureux.
Autant sur la forme que sur le style il n'y a rien à dire, il s'agit ici de Victor Hugo. Les répliques de Glapieu sont savoureuses de finesse et d'humour. Les rebondissements sont nombreux, les images défilent dans la tête comme si l'on était au premier rang. C'est drôle alors que l'histoire est un drame. On assiste à une formidable critique de la société capitaliste de l'époque (eh oui déjà), cela semble tellement actuel. Tout appartient déjà aux banquiers qui s'enrichissent sur le dos des pauvres. On sent la recherche de la justice dans l'injustice et la ruse de Glapieu pour déjouer les farces du destin. Le personnage est très attachant, on vibre avec lui, l'action est omniprésente. Hugo excelle dans la description de la beauté et de la laideur des hommes, mais il sait aussi que l'on peut rire de tout. C'est vivant, indémodable, et tout à fait adapté à un public adolescent. Cela se lit très vite et c'est très divertissant... Je me réjouis de pouvoir regarder un jour cette pièce au théâtre.
Mille francs de récompense : drame en quatre actes ; tiré du Théâtre en liberté [texte imprimé] / Victor Hugo, Auteur ; Alain Tarrieu, Adaptateur . - Paris (11, rue de Sèvres, 75006) : Ecole des loisirs, 2012 . - 234 ; 12x19 cm. - (Classiques abrégés) . ISBN : 978-2-211-20854-3 : 6.10 EUR
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Visible par tous
Bon livre
Marie-Paule DESSAIVRE
Alain Tarrieu abrège le texte de Victor Hugo essentiellement en supprimant des passages et non en réécrivant, ce qui est une bonne chose. Le propos reste largement compréhensible, mais il y perd d'un point de vue littéraire.
En dépit de cette abréviation du texte, la pièce reste peu accessible pour des jeunes sans accompagnement. Si c'est pour la mettre en scène, on y perd parfois un peu de la dérision dont sont marqués les propos de Glapieu et de la "distanciation" (à la manière de Brecht, ont dit certains) qui s'ensuit.
Bref, on en revient toujours à la même interrogation : faut-il abréger les classiques ?
Très bon livre
Cécile LHOMMEAU
Glapieu, voleur, est poursuivi par la police. Il réussit à se cacher chez Cyprienne, sa mère Etiennette et son grand-père malade Zucchimo... La famille est aux abois, ils n'ont plus d'argent, et sont pris au piège d'un homme d'affaires peu scrupuleux, M. Rousseline. Ce dernier veut abuser de la situation pour obtenir plus facilement la main de Cyprienne... Mais c'est sans compter sur Glapieu, qui décide de prendre fait et cause pour ces malheureux.
Autant sur la forme que sur le style il n'y a rien à dire, il s'agit ici de Victor Hugo. Les répliques de Glapieu sont savoureuses de finesse et d'humour. Les rebondissements sont nombreux, les images défilent dans la tête comme si l'on était au premier rang. C'est drôle alors que l'histoire est un drame. On assiste à une formidable critique de la société capitaliste de l'époque (eh oui déjà), cela semble tellement actuel. Tout appartient déjà aux banquiers qui s'enrichissent sur le dos des pauvres. On sent la recherche de la justice dans l'injustice et la ruse de Glapieu pour déjouer les farces du destin. Le personnage est très attachant, on vibre avec lui, l'action est omniprésente. Hugo excelle dans la description de la beauté et de la laideur des hommes, mais il sait aussi que l'on peut rire de tout. C'est vivant, indémodable, et tout à fait adapté à un public adolescent. Cela se lit très vite et c'est très divertissant... Je me réjouis de pouvoir regarder un jour cette pièce au théâtre.