Un dernier été / Bernard Friot
Un dernier été [texte imprimé] / Bernard Friot, Auteur . - Paris (2 rue Christine, 75006) : De la Martinière Jeunesse, 2005 . - 160 ; 18x13,5. - (Confessions) . ISSN : 2-7324-3556-3 : 8,5 Euros
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Très bon livre
Dans la collection "confessions" chez De La Martinière, voici un second livre de Bernard Friot. Le premier "Un autre que moi", évoquait une semaine en internat, celui-ci, "Un dernier été", est construit de la même façon : une semaine avant la première rentrée en internat. Jour par jour, avec une page "poème" et une page "météo", elle aussi poétique et qui donnent le ton de la journée, le jeune garçon raconte les événements, les petits faits qui permettent à son angoisse de se développer, à sa "paralysie mentale" de l'enfermer. A la première personne, le jeune garçon de 14 ans (qui en paraît 10), évoque son malaise. L'angoisse qui ne le quitte, semble-t'il, jamais est alors nourrie par l'attente de la mort probable du grand-père, doublée de la "mort programmée" du narrateur qui associe l'entrée à l'internat à une véritable mort.
Par l'évocation de gestes, de rituels familiaux, de moments chargés de souvenirs et de symboles dans la maison des grands-parents, encombrée de toute la famille, tristesse, inquiétude et incommunicabilité pèsent sur l'adolescent, l'asphyxient tout en lui paraissant irréels. Mais le réel, le jeune garçon le tient à distance, il se construit une carapace bien lisse, ("tellement mûr pour son âge !"), il se pétrifie pour ne céder ni à la peur ni à la révolte mais se faire oublier. Il ne dira rien de sa détresse et silencieux, absent de lui-même, suivra le chemin désigné par des adultes à la bonne volonté ordinaire et qui n'ont rien perçu.
L'auteur réussit à rendre le vécu de l'adolescent (qu'il a été !) tellement présent, tellement juste, en évoquant ses sentiments, en décrivant le contexte (les personnes, leurs paroles, leurs gestes, la grand-mère en particulier) la vie dans la maison, ritualisée (les matelas qu'on installe, le lapin qu'on tue, la pâte à tarte, la lessive du lundi... les jeux des enfants...) tout est là, contribuant à figer le monde, immobilisant les personnages dans le décor, les statufiant, cimentés par l'angoisse. Espace familier, tellement codifié, tellement immuable que plus rien ne peut s'y exprimer.
On n'a pas l'impression qu'une issue soit possible, qu'un espoir soit permis.
Que dire de plus ? Un livre très fort dans l'évocation d'un adolescent psychiquement bloqué, une qualité littéraire qui donne vie aux personnages même secondaires. Un très bon livre qui communique le malaise et laisse le lecteur (parent) oppressé. Peut-être encore plus que le précédent.
Hélène GIRARD
Fiche propriété de la Ville de Nantes.
Par l'évocation de gestes, de rituels familiaux, de moments chargés de souvenirs et de symboles dans la maison des grands-parents, encombrée de toute la famille, tristesse, inquiétude et incommunicabilité pèsent sur l'adolescent, l'asphyxient tout en lui paraissant irréels. Mais le réel, le jeune garçon le tient à distance, il se construit une carapace bien lisse, ("tellement mûr pour son âge !"), il se pétrifie pour ne céder ni à la peur ni à la révolte mais se faire oublier. Il ne dira rien de sa détresse et silencieux, absent de lui-même, suivra le chemin désigné par des adultes à la bonne volonté ordinaire et qui n'ont rien perçu.
L'auteur réussit à rendre le vécu de l'adolescent (qu'il a été !) tellement présent, tellement juste, en évoquant ses sentiments, en décrivant le contexte (les personnes, leurs paroles, leurs gestes, la grand-mère en particulier) la vie dans la maison, ritualisée (les matelas qu'on installe, le lapin qu'on tue, la pâte à tarte, la lessive du lundi... les jeux des enfants...) tout est là, contribuant à figer le monde, immobilisant les personnages dans le décor, les statufiant, cimentés par l'angoisse. Espace familier, tellement codifié, tellement immuable que plus rien ne peut s'y exprimer.
On n'a pas l'impression qu'une issue soit possible, qu'un espoir soit permis.
Que dire de plus ? Un livre très fort dans l'évocation d'un adolescent psychiquement bloqué, une qualité littéraire qui donne vie aux personnages même secondaires. Un très bon livre qui communique le malaise et laisse le lecteur (parent) oppressé. Peut-être encore plus que le précédent.
Hélène GIRARD
Fiche propriété de la Ville de Nantes.